Résumé officielMerryvère Carmine est une monte-en-l’air : une cambrioleuse qui court les toits et pille les manoirs pour gagner sa vie. Ses sœurs, Tristabelle et Dolorine, l’assistent lors de ses méfaits. Orphelines sans le sou, les trois jeunes filles tentent de survivre dans la sinistre cité de Grisaille. On s’y trucide allègrement, surtout à l’heure du thé, pendant que huit familles d’aristocrates aux dons surnaturels conspirent pour le trône. Après un vol désastreux, Merry se retrouve mêlée à l’un de leurs complots. Désormais traquées par des nécromants, des vampires, des savants fous et bien d’autres calamités, les Carmines vont devoir redoubler d’efforts pour s’en tirer vivantes... Mon avisVoilà une série qui me faisait de l’œil depuis longtemps, à tel point que si elle avait réellement eu des yeux, elle serait devenue borgne. Aussi, quand j’ai reçu ce premier tome des mains d’Émilie Milon, il n’a pas fait un pli (qui cornait de toute façon déjà la couverture). Je vous préviens, je vais raconter un peu ma vie de lectrice. Quand j’ai un livre entre les mains, je lis toujours les premières pages pour jauger la bête. Si vous écrivez, vous avez déjà vu passer mille fois le conseil : « Soignez votre début ! ». Ce qui semble assez logique vu que la majorité des personnes commence un livre… par le début. Je sais, ma logique est implacable. Peut-être même avez-vous lu des conseils disant de ne pas commencer par décrire la météo, de ne pas commencer par une description tout court mais par de l’action, etc. Normalement, vous avez vu passer chacun de ces conseils, et leur contraire, tout comme vous avez lu des débuts de roman qui les respectent ou en font fi. Pas de recette magique, donc. À mon sens, un bon début est un début qui donne le ton de votre roman. Tout dépend donc du ressenti que vous souhaitez provoquer chez votre lectorat. À titre personnel, j’aime les débuts météo ou description, notamment en Fantasy et Fantastique, parce qu’ils posent l’ambiance. J’aime ressentir dans quoi je mets les pieds. Mais pourquoi je vous parle de ça ? Parce que le premier chapitre des Sœurs Carmines m’a tout de suite plongée dans l’ambiance brumeuse de Grisaille. J’ai dès lors été certaine d’apprécier la suite, ce qui n’a pas loupé grâce, en majorité, à l’univers qui m’a régalée. J’ai aimé découvrir chaque aspect morbide de Grisaille, des Rapiécés au gala de Charité si particulier de la Maison Tourmente ; chaque lieu inattendu, du Marché-Noyé au salon de beauté des Vermeils en passant par le jardin intérieur d’un membre de la Maison Marbre ou l’horlogerie d’un Forge-Rage ; chaque recoin ombreux des toits de la ville d’où Merry observe son monde impitoyable... L'univers est foisonnant de détails soigneusement pensés. Mention spéciale à la scène avec Natalia et Katryan dans le manoir Vermeil. Les personnagesMerry est une héroïne plaisante à suivre. Trop humaine pour Grisaille, elle fait de son mieux pour sortir sa sororie de la galère financière dans laquelle elle se trouve. Malgré ses efforts, tout va toujours de travers et le moindre événement anodin semble systématiquement déclencher une avalanche de conséquences fâcheuses, voire pire. Elle fait pourtant de son mieux, surtout pour rester en vie.
Son aînée, Tristabelle, est bien plus adaptée qu’elle à Grisaille. C’est à se demander si elle n’est pas la personnification de la ville tant elle y est à l’aise comme un Vermeil au cou d’un valet de nuit. C’est un plaisir de la voir mener la vie dure à ceux qui ont le mauvais goût de lui déplaire. Mon coup de cœur va à Dolorine qui, par bien des aspects, m’était familière (peut-être parce que je suis la dernière d’une sororie de quatre, allez savoir). Dolorine est à elle seule un univers dans l’univers, avec ses propres personnages, ses propres lieux, ses propres vérités. Au gré de ses pérégrinations, on en apprend davantage sur l’histoire que par le biais de Merry. Si cette dernière se retrouve au cœur d’un complot royal dont elle ne connaît ni le tenants ni les aboutissants, Dolorine a toutes les réponses sans en comprendre les conséquences, ce qui est génial à suivre tout le long du roman ! Quant à Monsieur Nyx… je ne dis rien, il vaut la découverte. Je n’oublie pas la brume qui m’a donné envie, dans le premier chapitre, de m’asseoir sur une pierre tombale pour l’écouter me raconter Grisaille. Je suis sûre qu’elle en aurait à confier, des choses peu ragoutantes. Je dois avouer qu’à la fin de ma plaisante lecture, je me suis prise à croire qu’à Grisaille, les corbeaux tiraient vraiment toutes les ficelles, et que la brume était la narratrice de leurs innombrables méfaits. Bref. J'ai hâte de mettre la main sur le tome 2 !
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Aujourd’hui, j’aimerais vous parler d’un projet sur lequel je suis tombée sur Twitter et qui m’a assez intriguée pour suivre son évolution de très près : Pangar. Pangar : c’est quoi ? Une ambitieuse aventure littéraire de Fantasy interactive et vidéoludique. Pangar est donc un roman de Fantasy dans lequel le lecteur sera aussi acteur. Il pourra choisir son itinéraire dans ce vaste monde au background étoffé par une encyclopédie illustrée, des fiches personnages, des descriptions de lieux, etc. Si le lecteur pourra choisir et donc agir, le mode qui m’intéresse le plus à titre personnel est le mode Aventure qui permettra d’explorer l’univers de Pangar. Fouiller les univers c’est mon dada, c’est pour ça que je travaille sur le mien depuis 15 ans. Même quand je jouais à des MMORPG je préférais faire des quêtes pour découvrir les secrets du monde plutôt que de taper sur des mobs (je m’ennuie très vite). Pangar : le cadre Tout ça c’est bien beau mais l’univers de Pangar, ça ressemble à quoi ? Pour répondre à cette question, je vous copie la présentation officielle du compte Twitter du projet : « Griffons & dragons se disputent la suprématie du ciel, tandis qu'au sol le sang coule pour la défense ou la conquête du royaume de Lantardie. Une terre où se heurtent acier et complots, que rehausse une pointe de magie dans la droite lignée des classiques Fantasy. » Autre point qui m’a plu, en grande amoureuse des créatures fabuleuses, c’est la possibilité de se choisir un griffon pour compagnon. L’équipe a même lancé un petit jeu sur Twitter pour laisser le hasard provoquer votre rencontre avec le Keljär, le Verroi Cendré, la Brémice ou le Coursier de Cellians, l’once des cieux. Je suis tombée sur le Keljär qui m’a séduite immédiatement (le style littéraire de la fiche de présentation y étant aussi pour beaucoup mais je vous en parle après). Envie d’en apprendre plus sur ces magnifiques animaux ? C’est parti ! Pangar : les griffons Quatre races nous sont présentées, ayant chacune des particularités bien distinctes. L’équipe a eu la gentillesse de me fournir toutes les images et de m’autoriser à diffuser les présentations. Ces dernières étant relativement longues (pour un article de blog, j’entends), je vais me contenter de vous partager des extraits représentatifs de chaque griffon. Vous pourrez ainsi découvrir le style littéraire du projet Pangar. Attention, c’est quand même un peu long ! Le Keljär « Plus impénétrable encore que son armure, l’indifférence du keljär est un récif contre lequel les charges viennent se fracasser : il en suffit d’un pour que les hommes vacillent, de trois pour que les chevaux paniquent, de cinq pour que les drakes refluent.[…] les lignes de keljärs se distinguent à leur dégoût du recul, à leur force qui s’enracine dans l’inéluctable certitude que l’adversaire pliera le premier.[…] Ainsi l’archer submergé remercie-t-il les cieux d’avoir envoyé ce protecteur qui érige un rempart partout où il se pose. Quant au fantassin, il apprend à céder place nette devant ce mastodonte qui plonge moins qu’il ne choie dans la mêlée. » « Si la pierre pouvait enfanter, le keljär serait son fils ; si le Nord devait s’incarner au creux d’un blizzard, le keljär serait son avatar. Barrière de chair comme l’Estandel est barrière de roche, ce colosse parmi les griffons dépasse le bœuf au garrot, le cheval aux quintaux, et l’on s’en demande comment pareille sculpture de muscles s’arrache à l’emprise du sol. D’entre toutes les races connues de l’Homme, voici la plus habile de ses jambes : la physionomie du keljär en fait un grimpeur que les ailes achèvent d’assurer, d’une brève impulsion accompagnant le bond vers la prochaine corniche, la fuite d’un promontoire qui s’est dérobé sous sa lourdeur. » « Sa fidélité est un bouclier qui jamais ne se fend. Les galons font alors piètre muraille, face à un keljär offusqué par la main ou le ton qui se hausse sur son chevaucheur : il n’est de général plus respectable à ses yeux que le fringant lieutenant dont il s’est épris, ni de loi assez haute pour l’en éloigner. » « Il siège dans son tribunal une idée de justice assez pure pour en faire le blason de Sendel : nulle balance plus exacte qu’un cœur de keljär, nul instrument plus précis que son jugement. Certains prétendraient même que sa boussole d’équité peut orienter les choses du commerce sur le vrai Nord ; négociants et financiers en vinrent à frapper de serment toute transaction effectuée sous son égide, et à requérir du premier escadron royal la présence de cet huissier qui étrangle les platitudes des mauvais payeurs dans leur gosier. » « Quant aux camarades légionnaires, les matois d’entre eux s’octroient un passe-droit sur ses engrenages de conscience : on lui déplore une faiblesse envers les douceurs qu’une clémentine soigneusement épluchée comble volontiers, et une autre envers les caresses dont un bras vigoureux saura faire avantage. » Le Verroi Cendré « Son impavidité se lit dans son plumage : statue noire parmi les neiges aveuglantes de son domaine, le verroi paraît hurler au monde entier de venir le défier en combat singulier. Sans doute n’a-t-on pu concevoir meilleur emblème, pour la Lantardie renée de ses cendres, que ce griffon qui préfère mille morts à une humiliation, qui choisira de rompre mais jamais de plier. » « Une inaltérable soif d’héroïsme pousse ce griffon au-devant de la gloire et du sacrifice ; tomberait-il d’un coup fatal qu’il s’écraserait dans les rangs adverses afin de les clairsemer. Serait-il privé de son chevaucheur, ou déchu de ses ailes, il ferait aussitôt de son corps une barricade pour les troupes au sol. Première des races à s’être ralliée au cri de l’Humanité, elle serait la dernière à s’en détourner : le verroi chérit la patrie plus près de son cœur que certains chevaliers, et nombreux les admirateurs à leur prêter une noblesse toute proche du divin. » « La morphologie chasseresse du verroi est à la griffonnerie ce que le prologue est au récit : il ne fallut qu’un regard à l’Homme pour sonder le potentiel de cette bête nerveuse et déliée, fière de poitrail, hautaine d’encolure. Par ses iris de l’orange au rouge vif, brille cet appétit pour la vitesse plongeante et les manœuvres serrées, qui devait voir le griffon se décrocher des cieux comme une dague de foudre ou de suie. » « Qu’il décolle contre un rival ou pour embusquer un chamois, le verroi se commande par sa matriarche, la seule femelle à entretenir deux mâles consorts – la seule qui puisse séparer le vainqueur du vaincu. La victoire d’un corps sur un autre trempe certes dans les remous du hasard, mais c’est au griffon dont la vaillance n’aura pas été fissurée que revient la victoire sur l’esprit. » « Le bruit court que les verrois se réservent à ceux chez qui chaque acte est une preuve, et il en fut qui abandonnèrent leur chevaucheur au discrédit pour avoir insulté le devoir. Plus qu’aucun autre griffon, le verroi est serment. » « Ce n’est pas le chevaucheur qu’aime le verroi ; c’est la race humaine toute entière. Son brasier légendaire s’éteint sitôt qu’un enfant en approche la main, et il ne se trouve pas de nourrice surpassant un verroi lorsque la progéniture de l’Homme est confiée à sa garde. Au risque d’en faire un piètre patrouilleur, citadins et campagnards aiment à croiser ce griffon fasciné des métiers, absorbé par la tournette d’un potier, enivré par l’effervescence des marchés. » La Brémice « La moindre bourrasque lui est une issue – le moindre trou d’air un refuge. Baladine qui lit dans le vent comme d’autres lisent dans l’encre, la brémice australe a cette grâce presque trop diaphane pour survivre aux secondes. Tout au plus la vue se fissure-t-elle d’un éclair anthracite quand ce griffon la transperce avant de s’évanouir derechef, sur un ascensionnel dont il avait pressenti la ponctuation. » « L’élégance qui cueillait le charme alentours devient vertige face à cette meute de lévriers lâchée sur la gorge d’un dragon – et s’esquisse la raison qui leur fait surnom de « poignards ailés. » Son bec s’enfonce dans les chairs ; déjà les courants l’ont soustraite à la riposte. » « La brémice est de ces beautés meurtrières que l’honneur indiffère, que la gloire laisse de marbre. Une traînée de victoires silencieuses attend le chevaucheur assez téméraire pour courtiser ses talents. » « Aux précautions dont elle voile ses activités, il semblerait que la brémice couve quelque mystère plus terrible que ses œufs. Sur ses quartiers plane un parfum d’énigme qui s’évente dès qu’on le respire ; quiconque y pénètre ne peut saisir qu’un friselis de plumes empressées avant de se sentir intrus parmi les statues. Son masque est d’une épaisseur telle que les érudits la crurent longtemps muette, et il fallut tout le parjure de chevaucheurs comme assermentés à leurs montures pour porter preuve de son ramage. » « Sans doute l’aura délétère d’Alnorr leur a-t-elle inoculé cet intérêt pour le profane, le déterré, le délaissé ; les brémices hantent les ruines, se perchent sur les antiques frontons étranglés par le lierre, remuent des souvenirs qui préfèreraient demeurer enfouis. Les hommes qui les suivent dans leurs escapades en reviennent avec une ombre dans le regard – l’ombre de celui qui a vu, et veut encore voir. » « Camaïeux de suies et de nuits sans autre étoile que ses iris violâtres ou mauves, les brémices ont cette troublante assurance qui croît partout où les soleils renoncent à régner : dans les nuées de plomb et les anfractuosités des à-pics, sous les nappes de brouillard et les canopées suffocantes. » « Ainsi le commandement légionnaire a-t-il constitué des unités de brémices vouées à la traque des sorciers renégats, des monstruosités innommables, dans les abcès de magie instable et les méandres où la fougue s’embourbe puis disparaît. Nul ne songerait à servir dans ces enfers où la flore est un poison, la faune un assassin – nul, sinon les damnés qui en ont fait leur foyer. » « Il se raconte toutefois que l’habileté leur est loi, et qu’une brémice vaincue à son épreuve récompense le méritant de quelque colifichet trop tentant pour sa serre chapardeuse. » Le Coursier de Cellians« Son existence touchait à la légende, ses apparitions au miracle, et il faut encore que sa blancheur moutonneuse s’empièce sur le drapé du ciel pour croire au coursier. Preste dans sa timidité, leste dans sa félinité, ce griffon aura longtemps su se camoufler derrière le paravent des mythes dressés par les montagnards. » « Mais la Lune toujours advient, et avec elle son champion qu’annonce un vrombissement véloce planté au milieu du silence : le griffon arpente cette noirceur qui lui est clarté, son œil d’éternel assoupi alors ouvert sur ce qui bruisse et fouisse à l’abri des pierres, des branchages, de l’obscurité reine qui l’a couronné roi. Et aussitôt un poursuivant repère-t-il ce messager que le vent n’articule jamais qu’avec une syllabe de retard, le coursier se coule dans l’invisible de l’hiver coiffant les toits du monde, creuse le coton dont il enveloppe alors son chevaucheur et sa précieuse cargaison. Leçon de sagesse que ce griffon qui a fait de la prudence son pouvoir – qui se dérobe à tout, sinon à son devoir. » « Le cœur du coursier a la tendresse d’une neige nouvelle-née ; la moindre trace lui serait une navrure. En sa présence les bouches deviennent des moufles, et les mots des flacons de cristal qu’on ne se pardonnerait de laisser choir à grand bruit. La mère avisée invite ainsi dans sa demeure ce griffon que nimbent la torpeur, les heures de douceur. Suffit de remplumer une peluche à son effigie, le galopin qui le serre contre sa poitrine se découvre une délicatesse d’angelot, et sa chambre, des allures de nef où la parole ne s’élève pas plus haut que le murmure. Les généraux répugnent donc tout autant à faire couler le sang du coursier que le coursier à faire couler celui de l’ennemi : dans sa livrée d’ingénu léopard survit une innocence qu’on ne voudrait tacher de rouge. » « Si la valeur des outils se mesure à leur finesse, celui-ci atteint l’éminence par son intelligence. Aurait-on étudié les autres griffons à travers son prisme, il eût été douteux qu’une lumière les traversât seulement ; le coursier ne sauva ses cousins de l’idiotie qu’en se gardant d’être découvert le premier. » « Sied donc de lui prêter une robe plutôt qu’une livrée : ses ailes s’ouvrent avec cette retenue réservée aux matières trop nobles pour fréquenter les épines, les clous, les branchages, et l’on n’a qu’à se munir d’une fourchette pour que ce volant blottisse sa voilure contre ses flancs. » « Quant aux âmes récompensées par une tectrice, il se jalouse la légèreté de la prose qui en jaillit lorsque l’encre l’abreuve : d’aucuns y verraient un remède souverain à l’épuisement des expressions, à la fatigue des sentiments, et on lui devrait les lettres les plus aériennes qui fussent jamais écrites. Il subsiste chez ce griffon une part du rêve que la réalité toujours s’emploie à briser, un fragment d’idéal si tendre et si fragile qu’il en est devenu immense – et indestructible. » Pangar : l’équipe Les fiches de présentation, ainsi que le roman « Les Serres du Griffon » à l’origine de Pangar, sont écrits par Maxime Duranté qui peaufine son univers depuis une dizaine d'années. Collabore avec lui à la plume l'autrice Marion Roudaut pour la rédaction des aventures (et la communication !). Côté illustrations, ce sont les œuvres de JustoKazu, KuroeruK et Noiresetoiles que nous pouvons admirer. La bande son est quant à elle signée Doryan Soulivet. Pangar : quand et comment ? Il sera possible de lire et de jouer sur PC, tablette et smartphone dès le printemps 2020. N’hésitez pas à vous inscrire à la newsletter du site Pangar.fr pour avoir toutes les nouvelles.
Moi c’est déjà fait ! Résumé officielAgathe et Isaïah officient comme exorcistes. L’une a les pouvoirs, l’autre les connaissances ; tous deux forment un redoutable duo. Une annonce sur le réseau social des sorciers retient leur attention. Un confrère retraité y affirme qu’un esprit nocturne hante le domaine d’une commune côtière de Bretagne et qu’il faut l’en déloger. Rien que de très banal. Tout laisse donc à penser que l’affaire sera vite expédiée. Cependant, lorsque les deux exorcistes débarquent sur la côte bretonne, le cas se révèle plus épineux que prévu. Une étrange malédiction, vieille de plusieurs générations, pèse sur le domaine de Ker ar Bran, son phare et son manoir. Pour comprendre et conjurer les origines du Mal, il leur faudra ébranler le mutisme des locaux et creuser dans un passé que certains aimeraient bien garder enfoui… Mon avisLe résumé donne le ton d’un roman qui tient toutes ses promesses : malédiction, fantôme, superstitions, complications et mystères à foison. Nous débarquons dans l’aventure aux côtés d’Agathe, la narratrice, et d’Isaïah, son meilleur ami de choc. Ils sont exorcistes ; elle voit les fantômes, lui les exorcise grâce à sa maîtrise du hoodoo. Pourtant c’est bien un détail terre à terre qui va lancer l’histoire : une chaudière en panne dont il faut payer la réparation avant l’hiver. Qui dit facture dit intervention. Ça tombe bien, une affaire dont la difficulté est de 3 sur 5 – donc tout à fait gérable – est portée à leur connaissance. Pas le choix, s’ils ne veulent pas se geler à l’arrivée du froid, il leur faut partir dans ce village paumé de Bretagne. Sur place, Isaïah retrouve un vieil ami, Gaël, devenu maire de la commune (fictive) de Landrez, et qui les introduit auprès du couple ayant récemment acheté Ker ar Bran, beau domaine en bord de falaise, surplombé par son phare éteint depuis des décennies. Eux n’ont pas de problème de chaudière – ils préféreraient – mais de fantôme. Seulement, l’exorcisme qui devait se dérouler sans accroc se complique car les esprits ne sont pas la seule chose à hanter Ker ar Bran. Parfois, les vivants portent plus de secrets que les morts, en particulier dans un petit village où tout le monde connaît tout le monde et où la vie de chacun est intrinsèquement liée à celle des autres. Quand tout ça se percute, ça donne naissance à des vagues scélérates. Les personnagesAgathe est une jeune femme touchante qui a connu le rejet à cause de son don et de sa bisexualité, avant de trouver un peu de paix dans la famille d’Isaïah, lignée descendante des sorciers de Louisiane. Mais Agathe ne se sent à sa place nulle part car elle est incomplète, comme son don, et se sent illégitime. Ça ne l’empêche pourtant pas de se donner à fond dans chacune de ses missions. Un peu trop, parfois. Malgré tout, ce manque l’affecte plus qu’elle ne veut l’avouer. Si elle le nie, c’est pour le minimiser, d’une certaine manière, afin d’avancer coûte que coûte puisqu’il le faut, sans vraiment avoir conscience qu’elle rame contre vent debout parce qu’il lui manque certaines clés de sa vie sans lesquelles elle ne progressera jamais. Son arrivée à Ker ar Bran va la chambouler – pour ne pas dire bouleverser – car il s’y trouve des réponses à quelques uns de ses doutes. Isaïah, quant à lui, nous apparaît au travers du regard d’Agathe puisque la narration est de son point de vue. On découvre à travers elle un jeune homme au charme hypnotique, intelligent, sûr de lui, et sa présence apaisante est une ancre tant pour Agathe que pour le lecteur. Le savoir là nous rassure, et c’est l’image de lui que je garde même après ma lecture. Un petit mot, aussi, sur Gaël, maire et ancien camarade d’Isaïah, qui s’estime responsable de la déferlante qui ébranle Ker ar Bran et Landrez. Même s’il ne connaît rien à la magie, il répond présent pour aider le duo malgré un trouillomètre souvent à zéro. Rien ne parvient à altérer sa détermination à réparer son « erreur » – et à rester en vie, accessoirement. Ker ar Bran, parlons-en. Sous la plume maîtrisée de l’autrice, le domaine devient un personnage à part entière avec son caractère, ses particularités ainsi que son passé tellement complexe qu’il est abordé à travers trois temporalités. On apprend à le connaître au fil des pages et de trois époques et on le découvre finalement autant bourreau que victime, celui qui aimante certains humains pour subir ensuite leurs rêves, leurs espoirs et leurs regrets. Parce que c’est un personnage important et fort, il crée une atmosphère tantôt oppressante digne d’un huis clos, tantôt poétique, presque féerique. D’ailleurs il y a un peu de féerie folklorique dans ce roman – pas celle guimauvisée de Disney –, dans le sens d’un monde cruel qui vous attire inexorablement et vous épuise jusqu’à la mort. Fantômes et sorcièresLe Phare au Corbeau est certes un roman de fantômes mais, même si j’ai ressenti l'angoisse d’Agathe aux moments les plus critiques, je n’ai pas eu peur. Ici, l’intention de l’autrice n’est semble-t-il pas d’effrayer le lecteur en traitant les spectres comme des revenants déshumanisés, au contraire. On peut même dire qu’ils sont la cristallisation de certains morceaux de l’âme. Ainsi le fantôme n’est pas une créature cauchemardesque mais presque un reflet disloqué sur un miroir brisé. De même, le thème de la sorcière fait moins référence à la figure folklorique qu’à la méfiance que les femmes libres-penseuses, cultivées et avides d’indépendance suscitaient – suscitent encore ? – chez les populations obnubilées par la normalité, les traditions et le respect de l’ordre sociétal établi. C’est bien connu : une femme dont l’ambition n’est pas de materner son époux et d’enfanter ne mérite que la vindicte populaire... Les thèmes de la différence, du rejet et de l'acceptation de soi, de sa place dans le monde et dans la vie des autres, reviennent au long du roman, créant un fil rouge à travers les époques. Je craignais, en commençant ce récit, une intrigue trop linaire et à certains égards prévisible. Heureusement il n'en a rien été. Même si j'ai deviné certaines pistes, le cheminement et l'arrivée m'ont surprise par les réflexions intéressantes soulevées. J'ai aussi aimé le déroulé de l'exorcisme, à la fois compliqué et simple, qui a finalement demandé plus de cœur que de magie. ConclusionLe Phare au Corbeau est une belle expérience ésotérique pour qui aime creuser les secrets du passé et accepte que le monde soit bien plus vaste que notre rationalité. C’est aussi et surtout une belle aventure humaine qui appelle une suite. L’autrice projette de l’écrire l’année prochaine. Autant dire que l’attente va être looongue ! Dana B. Chalys
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Dana B. Chalys, romancière de l'Imaginaire, créatrice des C2T.
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